Armuriers toulousains

La Manufacture d’armes de Toulouse

A la fin du XVIIIe siècle, au lendemain de la Révolution, le citoyen Joseph Bosc, fils d’un Maître serrurier et ferronnier de son état, souhaitait établir une manufacture d’armes à Toulouse. Sa force de persuasion lui permit, par l’arrêté du 27 Nivose An II, d’acheter 300 quintaux de fer aux Forges de l’Ariège et d’embaucher 25 ouvriers qui contribuèrent à la fabrication d’ouvrages d’artillerie, dans un local ouvert dans l’ancien couvent de la Trinité, dont il avait obtenu la concession. A une époque où l’armée des Pyrénées connaissait de graves problèmes d’approvisionnement, il parvint à fournir 6 200 baguettes de fusils, de nombreux caissons d’artillerie, des porte-lances pour la mise à feu des canons et divers types d’outils de sapeurs tels que des pelles, des pioches, des serpes, des haches. En Pluviose An II, le citoyen Dauzat, agent de l’habillement, de passage à Toulouse, le nomma Directeur de l’Atelier National des serruriers, forgerons et cloutiers, en récompense des services rendus. A cette date Joseph Bosc rencontrait de nombreuses difficultés pour conserver les locaux qui lui étaient alloués. Mais il disposait déjà de six forges et d’une clouterie qui œuvraient à plein temps pour les armées de la République. Sous l’Empire, de 1804 à 1808, il put enfin, à l’âge de 65 ans, installer sa manufacture d’armes rue Martinet, près de l’hôpital La Grave. C’est dans ces nouveaux locaux qu’il sous-traita les nombreuses pièces d’armes qu’il fournit à l’arsenal de Toulouse. Contrecarré dans ses projets d’expansion par des voisins cupides, qui lui contestaient le droit d’user à son profit de la force motrice des eaux de la Garonne, il mourut en 1811, emportant dans la tombe l’âme de la manufacture, qui périclita rapidement avant de disparaître sans jamais avoir pu donner toute sa mesure.

Armurier et Arquebusiers toulousains à l’exposition des arts et de l’industrie de 1865

M. ROUZEGAS, à Toulouse, place des Carmes, 4 – avait exposé une carabine-revolver à six coups double mouvement, avec baïonnette, au prix de 140 fr. ; deux fusils Lefaucheux calibre 16, canon de Léopold Bernard, en blanc, un idem garniture gravée, au prix de 430 fr. ; un autre avec gravure à attribut de chasse, à 370 fr. ; un fusil Lefaucheux calibre 16, canon de Léopold Bernard, avec ornements gravés, à 250 fr. ; un fusil même système, calibre 8, au même prix ; un fusil Lefaucheux à un coup , calibre 24, ornementé, à 120 fr. ; une carabine Flobert, calibre 9 millim., à 50 fr. ; une boîte contenant un pistolet-revolver, calibre 9 millim., à double mouvement, douze coups et baïonnette, au prix de 100 fr. ; une paire de pistolets de tir monture ébène, dans une cassette en noyer contenant les accessoires, au prix de 280 fr., enfin une paire de riches pistolets, avec boîte et accessoires, cotée 600 fr.
Au nombre de ces diverses armes, il s’en trouve cinq que M. Rouzegas a garnies lui- même. Dans ce travail, cet exposant a fait preuve de goût : les montures sont belles, et la lime des pièces parfaitement soignée. Avantageusement connu à Toulouse depuis plus de quarante ans par Messieurs les chasseurs, M. Rouzegas a toujours consciencieusement exécuté les travaux qui lui ont été confiés. A ces divers titres, le jury accorde à cet exposant une médaille d’argent de 2e classe.

M. DABADIE, à Toulouse, rue des balances, 35 – a exposé un fusil en blanc sous la lime à baguette, un autre ayant servi deux ans avec pontet et clef ouvragés, et trois fusils de façon riches, de 450, 600, 700 fr., système Lefaucheux, avec gravures fines. Toutes ces armes sont en grande partie fabriquées par M. Dabadie, jeune armurier qui déjà s’est acquis à Toulouse une réputation justement méritée ; elles sont remarquables par un cachet de vraie distinction. Parfaitement ajustées, les platines marchent supérieurement, les garnitures sont très ouvragées, les montures sont irréprochables. Le fusil à baguette, laissé en blanc pour qu’on puisse mieux apprécier le travail, fait le plus grand honneur à M. Dabadie, qui en a forgé lui-même et ajusté les pièces. Le jury lui accorde une m « daille d’argent de 2e classe.

M. BARABE, à Toulouse, place des Carmes, 21 – a exposé divers petits engins ou accessoires pouvant être utiles aux chasseurs qui possèdent des fusils Lefaucheux. Ils consistent en une matrice à charger donnant des cartouches régulières, unies, remplissant exactement la chambre du fusil ; en une matrice à réamorcer, en vue de mettre facilement de nouvelles capsules aux douilles qui ont déjà servi, d’où, au dire de M. Barabé, une économie de 100 pour 100. Cet exposant présente aussi un crochet à réamorcer, servant à retirer les douilles du fusil, à y mettre une nouvelle capsule et à la recharger ; enfin des anneaux gommés pour fixer la dernière bourre sans bourrelet. L’appareil le plus important – celui destiné à charger les cartouches – est assez simple, mais quelques perfectionnements sont encore nécessaires pour que cette petite machine fonctionne d’une manière régulière. Néanmoins le jury, tenant compte à M. Barabé de l’originalité et de l’utilité de ses inventions, lui accorde une médaille d’argent de 2e classe.

M. CAMINAT, à Toulouse, boulevard Saint-Aubin, 25 – a exposé un fusil Lefaucheux ciselé, à 200 fr. ; un fusil à baguette, à 440 fr. ; deux idem à 60 fr. et 75 fr., un revolver à cinq coups grand modèle, à 65 fr. ; deux idem Lefaucheux à six coups, à 60 fr. et 50 fr. ; une paire de pistolets Lefaucheux à deux coups, à 25 fr. ; une paire de pistolets de poche, à 45 fr. la paire. Ces armes sont en grande partie tirées de la fabrique de Liége, et M. Caminat y a peu travaillé, il a néanmoins exposé un fusil en blanc sorti de son atelier, qui semblerait indiquer une participation relative à quelques-unes des armes exposées, et dont le bon marché est vraiment remarquable. Le jury accorde à M. Caminat une médaille de bronze.