N°15 _ Le Révolver Guerriero – Pistolet 1733 signé PENEL

Le révolver Guerriero

Au début des années 1860 Alexandre Guerriero, Comte de St Ange, fait breveter en Italie un revolver de son invention. Cette arme, qui améliore le système Lefaucheux, est « approuvée » par la commission royale de la marine italienne. Elle remporte une médaille d’argent au concours de l’institut royal de Lombardie et un diplôme, décerné par le royaume, le 7 août 1863. Ingénieur de profession, le Comte de St Ange ne dispose pas dans son pays des moyens nécessaires a la fabrication de son arme. Mais à cette époque, la ville de Liége est déjà la capitale européenne de l’arme à feu, et c’est tout naturellement vers la Belgique, qu’il se tourne pour faire réaliser son revolver. Il s’installe à Liége et supervise la fabrication de son arme, produite par Breuer. Pendant ce temps, son agent londonien, dépose en Angleterre le brevet 628/1863, qui protége les diverses améliorations qu’il apporte au revolver à broche. Au mois de janvier 1864, l’armée française commence à s’intéresser au revolver Guerriero qui s’annonce supérieur au revolver Lefaucheux adopté par la marine. Représenté par M. Gédéon Marc, officier du 7ème bataillon de la garde nationale de la Seine, Guerriero envoie plusieurs revolvers à la commission de Vincennes qui les met aux essais en 1864 et 1865.

Le révolver

L’intérêt des français pour son arme, conduit tout naturellement Guerriero à déposer à Paris, par l’intermédiaire de Breuer, le brevet N° 71 326, daté de 1866 qui protége la fabrication du revolver « Italien ». Les avantages de cette arme sur ses concurrents les plus proches sont évidents. Grâce à son cadre fermé, qui assure une parfaite solution de continuité entre le canon et la carcasse, le revolver est d’une grande solidité. Les opérations de chargement et de déchargement sont facilitées par la présence du barillet tombant; une première dans l’histoire du revolver. En arrière du barillet, le bouclier en acier trempé est monté sur une charnière. Il porte le rochet d’entraînement et limite les risques d’enrayages liés au gonflement intempestif de certaines cartouches à broches. La protection des broches contre les chocs est assurée par un large rempart, qui ne laisse passer que la tête du chien. La construction reste simple et le revolver n’est constitué que de neuf pièces. Pour charger le revolver de Guerriero, il faut mettre le chien au cran de demi-armé, avancer la baguette pour dégager le barillet et faire basculer le barillet sur la droite. Le ressort du bouclier sépare automatiquement ce dernier, de la tranche postérieure du cylindre. Les chambres étant libres d’accès, il ne reste plus qu’à les approvisionner. Pour évacuer les douilles tirées une fois que le barillet a basculé, il est nécessaire d’utiliser la baguette maintenue par un ressort sous le canon.

Les marquages

Sur la tranche antérieure de la cage du barillet, à droite: Système Italien ou Sistema Italiano. Une grande partie des armes est frappée, sur la droite de la console, d’un poinçon qui regroupe un blason et les initiales de Guerriero et Breuer.

En 1867, les revolvers Guerriero présentés par Breuer à l’Exposition Universelle de Paris attirent tous les regards. La France militaire qui parie sur l’adoption prochaine d’une nouvelle arme de poing, s’intéresse plus que jamais aux perfectionnements apportés aux revolvers. Voici ce que l’on peut lire dans la presse du temps, à propos des revolvers, au lendemain de l’exposition: « On n’en citera qu’une seule variété le revolver italien Guerriero, qui offre l’avantage de recouvrir le barillet et de protéger les broches des cartouches contre les chocs accidentels… »

Mais le revolver « italien » n’a pas que des qualités. La commission de Vincennes trouve son mécanisme fragile et sujet à l’encrassement. Le 25 février 1869, sur proposition du ministère de la guerre, la commission examine deux nouvelles armes proposées par Guerriero: Un fusil à chargement par la culasse, proche du système Albini, et un revolver à simple et double effet chambré pour une cartouche de 15 mm à broche. Le revolver pèse 1 500 grammes, et tire un projectile en plomb de 30 grammes, propulsé par 2 grammes de poudre. Trop lourd, difficile à tirer en double action et désavantagé par un recul considérable, le revolver « italien » est rejeté de façon définitive par la commission. Au lendemain de cette fin de non recevoir, l’aventure militaire du revolver Guerriero est terminée. Inventeur et fabricant vont se recentrer sur le marché civil. Dés lors, le revolver  » Italien  » à barillet tombant va connaître un véritable engouement et l’on verra apparaître de nombreux modèles de tailles et de calibres divers, proposés dans une grande variété de finitions. Le plus étonnant de cette histoire, reste que le barillet tombant, cette grande découverte de l’italien Guerriero, tombera dans l’oubli pendant près de 20 ans, avant d’être redécouvert par les américains.

par Jean-Pierre BASTIE


Un pistolet 1733 signé PENEL

Les frères F & A Pénel, arquebusiers et fabricants à Saint Etienne, comme nombre de leurs confrères, vont fabriquer en série des pistolets réglementaires du type 1733 pour répondre à la forte demande engendrée par la guerre de succession d’Autriche (1741-48), puis la guerre de sept ans (1756-63). Lorsque débute la guerre de succession d’Autriche, la manufacture d’armes de Saint Etienne reçoit un afflux de commandes. elle a beaucoup de mal à s’adapter. L’entrepreneur Girard doit livrer quelques 25 000 fusils à l’infanterie, près de 9 000 à notre allié espagnol et honorer une commande de pistolets et de fusils effectuée par la Compagnie des Indes. Girard se réserve la fourniture des Dragons mais le ministre fait appel à ses confrères Carrier, Dubois, Jourjon, Duchon, Grangeneuve et la veuve Fréconnet. Il s’agit de livrer plus de 46 000 fusils à l’armée. En fait la plus grande partie des 375 000 fusils d’infanterie Mle 1728 fabriqués proviennent de ces fortes commandes qui débutent en 1741-42. Côté pistolets la production est estimée à quelques 70 000 exemplaires entre les commandes provenant des cavaliers, des dragons ainsi que les commandes particulières de régiments. Depuis 1743, on assiste à une augmentation importante des troupes de cavalerie et des dragons. Traditionnellement les Régiments de la Maison du Roi ainsi que quelques colonels propriétaires se servent directement dans les magasins royaux ou directement auprès des armuriers. La forte demande va aiguiser les appétits et les frères Pénel vont profiter de cette manne.

Les Penel

Les frères F et A Pénel sont les héritiers de leur père établit à Saint Etienne depuis 1680, quand ils honorent une première commande de pistolets, en 1745, pour le régiment de Beaucayre, puis l’année suivante pour les Gendarmes du Roy. Ecartés des marchés officiels, ils saisissent l’opportunité offerte par les besoins des régiments de renoms, notamment ceux de la Maison du Roy. L’originalité des pistolets de ces régiments réside dans leurs garnitures en fer en lieu et place du laiton et dans une finition de grande qualité. La production de pistolet semble cesser vers 1760 ou du moins le marquage « Frères Pénel » ou « F & A Pénel Frères », car nous retrouvons des armuriers du même nom à Saint Etienne jusqu’en 1830. Cette dynastie connaîtra nombre d’armuriers, réviseurs et contrôleurs et de belles armes de chasse portent cette signature.

Le Réglement

Les frères F et A Pénel sont les héritiers de leur père établit à Saint Etienne depuis 1680, quand ils honorent une première commande de pistolets, en 1745, pour le régiment de Beaucayre, puis l’année suivante pour les Gendarmes du Roy. Ecartés des marchés officiels, ils saisissent l’opportunité offerte par les besoins des régiments de renoms, notamment ceux de la Maison du Roy. L’originalité des pistolets de ces régiments réside dans leurs garnitures en fer en lieu et place du laiton et dans une finition de grande qualité. La production de pistolet semble cesser vers 1760 ou du moins le marquage « Frères Pénel » ou « F & A Pénel Frères », car nous retrouvons des armuriers du même nom à Saint Etienne jusqu’en 1830. Cette dynastie connaîtra nombre d’armuriers, réviseurs et contrôleurs et de belles armes de chasse portent cette signature.

Un pistolet réglementaire

Le pistolet Pénel reprend les dimensions réglementaires de l’Ordonnance avec un canon de 311 mm, mais avec un évasement à la bouche plus léger par rapport à celui de ses concurrents. Il possède un seul pan supérieur, deux pans latéraux au tonnerre pour faciliter la mise en bois et un montage à deux tenons. Le guidon en fer, arrondi en grain d’orge, se trouve à deux pouces un quart de la bouche. La queue de culasse se termine en pointe. La platine est du type 1728, avec un corps de forme carrée aux bords légèrement chanfreinés, un chien plat à col de cygne maintenu par une vis à tête ronde. La crête du chien en crochet, la tête de vis de mâchoire fendue, l’extrémité du ressort de batterie en forme de goutte et le bassinet peu profond taillé en biseau sont des plus classique. La monture, en noyer foncé, très élégante, reste fragile au niveau du fût avant. Cette partie est fragilisée par le percement du canal de baguette et les évidements dus aux deux tenons du canon et à ceux destinés aux porte-baguettes. Le collet de renfort de l’extrémité de fût n’est donc pas superflu. Les garnitures se conforment au règlement. Les deux porte-baguettes, la contre-platine (ou porte-vis), la sous-garde avec écusson en forme de feuille et la calotte à longues oreilles sont en fer. Leur polissage parfait témoigne d’une excellente finition. L’ovale de la calotte s’orne d’un soleil gravé. La baguette se termine en poire, renforcée par une tête plate en fer.

Marquages et poinçons

Le pistolet Pénel reprend les dimensions réglementaires de l’Ordonnance avec un canon de 311 mm, mais avec un évasement à la bouche plus léger par rapport à celui de ses concurrents. Il possède un seul pan supérieur, deux pans latéraux au tonnerre pour faciliter la mise en bois et un montage à deux tenons. Le guidon en fer, arrondi en grain d’orge, se trouve à deux pouces un quart de la bouche. La queue de culasse se termine en pointe. La platine est du type 1728, avec un corps de forme carrée aux bords légèrement chanfreinés, un chien plat à col de cygne maintenu par une vis à tête ronde. La crête du chien en crochet, la tête de vis de mâchoire fendue, l’extrémité du ressort de batterie en forme de goutte et le bassinet peu profond taillé en biseau sont des plus classique. La monture, en noyer foncé, très élégante, reste fragile au niveau du fût avant. Cette partie est fragilisée par le percement du canal de baguette et les évidements dus aux deux tenons du canon et à ceux destinés aux porte-baguettes. Le collet de renfort de l’extrémité de fût n’est donc pas superflu. Les garnitures se conforment au règlement. Les deux porte-baguettes, la contre-platine (ou porte-vis), la sous-garde avec écusson en forme de feuille et la calotte à longues oreilles sont en fer. Leur polissage parfait témoigne d’une excellente finition. L’ovale de la calotte s’orne d’un soleil gravé. La baguette se termine en poire, renforcée par une tête plate en fer.

Les pistolets modèles 1733 possèdent un charme et une rare élégance qui évoquent le règne de Louis XV. Loin de la rigueur strictement réglementaire de leurs successeurs, les 1733 offrent un vaste thème de collection à l’érudit. Les nombreux marquages qui les accompagnent donnent une possibilité d’identification et restent une invitation au voyage dans le temps. Nous les considérons comme les nec plus ultra de l’ancien régime, héritiers d’une ancienne tradition armurière à une époque charnière précédent la standardisation imposée par les manufactures.

Pistolet PENEL

Longueur489 mm
Canon313 mm
Poids1236 grammes

par Daniel CASANOVA